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    Berçeuses et chansons pou marmay ( Partie 3 )3 ème partie de cette série consacrée aux comptines, berçeuses et chansons de notre enfance réunionnaise. Elles sont encore nombreuses à sommeiller dans l'esprit de nos gramouns, elle sont nombreuses aussi par leurs variations selon les régions de l'île, les familles.... alors, une chasse aux trésors, ça vous dit ?

     

      

    Kosa la manz ladan

      

    Dans le livret accompagnant le CD "Zinzin", on y trouve les indications suivantes : Inn i rouv la min, inn i mèt son dwa dann milyé, i di komsa : Kosa la manz ladan ? Ariv in lèr, sak i rouv la min i di : a pi ! (na pi).

    Toutes les bonnes choses prennent fin en dépit du bonheur qu'elles suscitent. Il en va de même des fruits juteux, sucrés et ensoleillés avalés goulûment qui nous ramène docilement aux douces saveurs de l'enfance, pour les plus âgés d'entre nous. Et cette main, qui la journée durant, s'est imprégnée des odeurs de vavangue, de "fig mir" et de "gouyav" a fini par ne plus rien avoir à tenir... Tristesse et chagrin jusqu'à la cueillette du lendemain !

     

     

    Pov ti gigine

     

    En créole réunionnais, un "gigine" signifie un petit peu ou très peu; pas assez en tout cas. Ici le ti gigine est en fait une sorte de Caliméro frêle et impuissant, ce qui lui impose quelques complications : il ne peut rivaliser face aux plus forts, aux mieux lotis et arrive donc en dernier lorsqu'il s'agit de se servir. Défavorisé en soi, la tournure pléonasmique due au "pov " (pauvre) ne fait qu'enfoncer  cet être pour qui on ne peut éprouver que de la mansétude, de la pitié.

    A noter que cette formule ne ressemble en rien à l'ironique "Pov ti bête ", que l'on rencontre parfois dans l'expression un tantinet moqueuse de personnes peu compatissantes, achevant leur taquinerie par un " i fé pitié oui ! " tout aussi dévastateur.

    Ce " Pov ti gigine " est ce qu'on appelle un jeu de doigts qui est dérivé (très certainement) de son équivalent français "La poule a pondu un oeuf ", qui compte lui-même de nombreuses déclinaisons (ici, page 8). Comment procède-t-on exactement ? D'après les diverses sources, on prend les doigts l'un après l'autre en débutant par le pouce et pour la dernière phrase soit celle de l'auriculaire (soit, le petit doigt; la partie correspondante en français est absente de la version réunionnaise présentée), on lui fait faire un ou deux cercles dans la paume de l'autre main. Si ça n'a pas été clair, tentez de voir les explications données ici, à la fin.

     

      

    Ti somin, gran somin

      

    Avant de devenir un titre phare du groupe Kréolokoz ou de Tikok Vellaye, ti somin gran somin (ti chemin grand chemin) était un jeu de doigts très répandu et pratiqué entre parents et enfants; il l'est toujours d'ailleurs. Voici le "mode d'emploi" : Fé grinp dé dwa parèy kan bib i mars si lo bra out kamarad ziska son kèlkèl (dosou son bra oubyin ziska son kolé, épisa digdig ali).

    Kèlkèl = aissellle ; Kolé = le cou ; Digdig = chatouiller

    Tout comme les pitons de l'île, les jeunes réunionnais sont eux aussi des parcours, des sentiers où les mains tendres du parent viennent lentement grimper, dans le but de chatouiller leur enfant dans le cou ou sous le bras. Parfois même l'ascension se fait longue, elle se ralentit dans un suspense intenable pour se précipiter tout à la fin, entraînant un repli du corps, mais surtout de grands éclats de rire.

    Il existe certaines variantes locales ou le chien se fait loup, mais il intervient toujours au même endroit.

     

    Mon ti lakaz

     

    La lecture des paroles aideront certainement à la compréhension du contexte et de ce qui est dit :

    Kan mwin lavé mon ti lakaz
    Falé bésé pou rant dedans
    Mon tét té tous dann mon fétaz    (fétaz = la charpente du toit, 1)
    Mon pyé té rant dann mon plansé

    Mon zoryé morso bwa blan
    Mon payas ti nat malgas
    Mon somiz morso goni     (goni = sac en toile de jute, 2)
    Mon kilot morso ayon

    Alon gargoulèt   (gargoulèt = vase de terre où l'on met l'eau à rafraîchir, 3)
    Morso kalbas
    Pou mèt lo ronm
    An ddann zour di lan.

    Les informations n'abondent pas à propos de cette comptine bien qu'elle soit terriblement parlante. C'est la description d'un habitat rudimentaire qui est faite et plus généralement du mode de vie lui-même, pauvre et simple, qu'il ait été choisi ou non. Qu'à cela ne tienne, l'indigence du confort n'entravera pas les réjouissances de fin d'année, dominées par les joie de l'ivresse comme semble l'indiquer la présence de " lo romm " !

      

     

    Kaskas Nikola

      

    Ce que le livret du CD " Zinzin " en dit : I zwé a dé. Inn na inn ti galé dann in min, dann lot : riyin. Lot i esèy déviné dann kèl min i lé. In tiktak pou le kas le kan.

    Voilà un petit tour de passe-passe qui permet de combler les après-midi ennuyeuses. Souvent, c'est l'occasion rêvée pour les ainés d'éprouver la naïveté légitime de leurs cadets grâce à quelques obscures manigances : galet lâché en cours de route, caché dans la "poche a ki " (poche de derrière) ou dissimulé avec la complicité du décor ...

    Ce jeu de cache-cache se retrouve à l'île Maurice où il a fait l'objet d'un séga de style bindu, par Alex Thermogen (qui est un pseudonyme d'après mes souvenirs). D'après le dictionnaire étymologique d'Annegret Bollée, la formule serait d'origine normande; les règles sont en tout cas sensiblement les mêmes dans ce Grelit Grelot français qui peut se jouer à plus de deux personnes. Ce site propose une approche différente en la mélangeant au jeu du furet.

     

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    Pour finir voici 2 liens d'une utilité toute trouvée. Le premier est un document du Musée de la région Centre (France métropolitaine) qui présente un certain nombre de jeux et de chansons qui y sont rattachées. Vous remarquerez que beaucoup de ces activités ont été pratiquées à la Réunion par nos aïeux : http://www.musees.regioncentre.fr/UploadFile/GED/NFHY-joujoux.pdf

    Le deuxième est aussi un PDF de l'Académie de La Réunion cette fois, reprenant les comptines réunionnaises et leurs équivalents français (je l'avais peut-être déjà mis) : http://www.ac-reunion.fr/fileadmin/rep_services/ecole-maternelle/classes-bilingues/Comptines_bilangues.pdf

      

    Partie 1     Partie 2

      

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    Berçeuses et chansons pou marmay ( Partie 2 ) 

     

    La plupart des extraits qui vont suivre sont tirés de la réedition de "Zinzin", cassette sortie en 1985. On ne peut que saluer la démarche des personnes étant à l'origine de ce projet, et espérer que d'autres initiatives tout aussi enrichissantes continuent à voir le jour.

     

      

      

      

    Vakabon tanpon

    "Vakabon Tanpon" est une sorte de moyen mémo-technique. En effet, le livret accompagnant le Cd et contenant les paroles, précise que cette mélodie est " in manièr aprann kadans séga oubyin vals. " Le vagabond tamponnais est donc un ségatier en vadrouille du côté de Bras de Pontho, où valsent quelques couples endimanchés ! Si jamais un jour, vos pas égarent votre sens du rythme, repensez simplement à cette chansonnette pour retrouver la cadence !

     

     

     Mon ti kok de chine

     

    En liminaire aux paroles : " Dé marmay i lèv zot bras an tinèl, tou lé zot marmay i tyinbo la min inn é lot, i pas sou la tinèl. Dernyé lé bloké, lé zot i arsava. La, la tinèl i domann dernyè la : kèl frui oubyin kèl flèr li vé. Sélon sak li réponn, i mèt ali déryèr lo do inn ant lé dé marmay i fé la tinèl. Sak la gingn plis marmay i gingn lo zé . "

    Il s'agit là d'un jeu de capture, le but étant d'avoir le maximum de camarades pris au piège. Pour ce qui est du " ti kok " , il existe (si elle n' a pas déjà disparue !) une espèce d'oiseau à la Réunion ainsi surnommée, qui viendrait d'Inde avant d'avoir été introduite dans l'île. Voici sa fiche : http://www.seor.fr/fiche_oiseau.php?id=22

    Ce malheureux kok de chine n'a décidément pas de chance, qu'il soit l'instrument d'une chanson ou proie réelle de cages braconnières, sa place s'est dérobée de l'estime des réunionnais...

     

     

    Plouf...

     

    " Kontaz pou tir lo mèr po loukouri, loukoupé, loukasyèt..." Le " plouf " réunionnais démontre ici toute l'inventivité des enfants qui, s'il ne savaient certainement pas tout du règne d'Henri IV, l'on attribué une mort des plus comique, le trône de France agonisant dans " in karo zanbrovat ", " kat pat " !  Les jeux du langage, la répétition des syllabes et terminaisons trouvent une utilité toute faite dans ce type d'oralité. Cette formulette d'élimination, qui permet de savoir qui sera le premier à compter, trouve des déclinaisons différentes souvent délaissées ou oubliées. Questionnez vos grands-parents, vos parents même, leur " plouf " refait peut-être l'histoire de quelque autre personnages de renom.

     

     

    Zourit

     

    Création de Sully Andoche, c'est une adaptation du " 1, 2, 3, j'irai dans les bois " français. Plutôt récente, cette comptine s'est faite une place dans le répertoire local, notamment grâce à des recettes invariables : un animal singulier et une situation décalée qui exhale complètement l'humour enfantin.

    Il est important de rappeler que ces comptines sont parmi les plus populaires et qu'il reste encore de belles découvertes à faire. Si vous en connaissez d'autres (réunionnaises bien sûr) ou votre famille, n'hésitez pas à laisser un petit message sur le blog, on pourra ainsi toutes les regrouper pour avoir un inventaire de plus en plus complet. Na trouvé !

    Partie 1

    Partie 3

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